La sonnette de mon appartement retentit, plusieurs fois ; visiblement, la personne était impatiente. Je n’attendais personne, en ce dimanche matin…

— Mais qu’est-ce qui t’es arrivé ? hurla-t-elle.

Je me pinçai et avec étonnement en ressentis la douleur.

— C’est TOI ?… J’en restais bouche bée !

Ne sachant que dire, et pour occuper l’espace-temps, afin de laisser à mes neurones une dernière chance de se reconnecter, je rajoutai, presque malgré moi :

— Mais où étais-tu passée ?

— Oui désolé c’est moi, qui voulais-tu que ça soit, ta maîtresse ? J’étais allé chercher des cigarettes, j’ai oublié mes clés… Et puis, enlève-moi ce déguisement ridicule ?

— Quel déguisement ?

— Mais TOI, tes cheveux, ils grisonnent, et là, tes cernes, tu as pris vingt-ans ! Ne fais pas l’imbécile, c’est pas drôle de t’être grimé, tu m’as fait une de ces peurs…

— C’est à peu près l’époque où tu es partie…, lâchai-je toujours incrédule, tétanisé, ne sachant si dans ce rêve éveillé, je devais soulever dans mes bras ma bienaimée retrouvée, avec une joie infinie, ou chercher à fuir honteusement et tenter de rattraper ma jeunesse.